Crise à l'hôpital de Nevers
Depuis le début du mois, une trentaine de soignants de l'hôpital de Nevers se sont déclarés en arrêt maladie pour dénoncer des conditions de travail exécrables dues au manque de personnel. Ce mouvement illustre une crise hospitalière profonde qui frappe de plein fouet la Nièvre, département déjà sinistré par une désertification médicale alarmante.
Alors que la France affiche une pression fiscale record, faisant d'elle la championne du monde des impôts, ses citoyens ne peuvent prétendre qu'à des services publics en pleine déliquescence. Loin d’être une exception, la situation de la Nièvre en est l’un des exemples les plus criants : avec seulement 68 médecins pour 100 000 habitants contre une moyenne nationale de 121, le département représente l'un des pires déserts médicaux du pays.
Nous dénonçons avec force les fausses promesses d’Emmanuel Macron formulées en pleine pandémie de COVID-19. Son prétendu « plan massif » pour l’hôpital s’est avéré être un écran de fumée, incapable d’apporter la moindre amélioration tangible aux soignants et aux patients. Pire encore, la seule réponse du gouvernement semble être de combler artificiellement les vides en recrutant des médecins étrangers, souvent insuffisamment formés pour garantir un niveau de soin à la hauteur des standards français. Cette fausse bonne solution ne fait qu’aggraver la tiers-mondisation progressive de notre système hospitalier.
On nous rétorquera qu'il faut dix ans pour former un médecin, mais qu'en est-il des infirmiers et des aide-soignants ? Si les bonnes décisions avaient été prises dès la crise du COVID, nous ne serions pas confrontés à une telle situation critique dans les hôpitaux, même en dépit du manque de médecins.
La santé ne doit pas être soumise à une logique exclusivement marchande. Elle ne peut être gérée comme une entreprise où seules les considérations budgétaires priment sur la qualité des soins et la dignité des patients. Une approche purement comptable aboutit inévitablement à des coupes budgétaires aveugles, à une réduction du personnel, à une surcharge de travail des soignants et, in fine, à une détérioration drastique de la prise en charge des malades. Considérer la santé sous un prisme uniquement financier revient à sacrifier le bien-être des citoyens sur l'autel de la rentabilité. Or, un système de santé digne de ce nom doit garantir l’égalité d’accès aux soins, indépendamment des contraintes budgétaires, et assurer un service public efficient et humain.
Les Nivernais, et plus généralement les ruraux, cette France des oubliés, sont-ils condamnés à la mort par absence de soins décents ? Il est plus que temps que les pouvoirs publics prennent la mesure de cette catastrophe sanitaire et agissent concrètement pour restaurer un digne accès à la santé sur l’ensemble du territoire.